Mme la Ministre, chère consœur, Mr le député, cher confrère,
Nous percevons au travers de vos réformes la volonté continue de diminuer cette indépendance qui fait le socle de notre choix d’être médecin de ville.
Vous voulez nous lier aux ARS au travers des CPTS où tous les patients doivent avoir un médecin traitant, et les médecins s’organiser pour prendre en charge tous les soins non programmés…
Permettez-moi de vous rappeler un des fondements de la médecine à la française : la liberté de choix de son médecin par le patient et la liberté pour le médecin de refuser d’assurer le suivi d’un patient.
Vos CPTS organisent la fin de cette liberté et ouvrent à la constitution d’une carte sanitaire et de quota de patients.
Mr le député Thomas Mesnier, vous voulez nous « libérer » des actes « simples » en permettant aux pharmaciens l’examen des patients et la délivrance de traitements « prescrits » … sans ordonnance. Vous décidez ainsi de ce qui relève ou non des soins médicaux.
Pour les actes plus complexes, le suivi des pathologies chroniques, vous prônez le forfait à l’épisode ou au parcours de soins… Vous décidez de nos pratiques, de nos organisations, de notre mode de rémunération…
Madame la Ministre, Mr le député, allez au bout de votre logique : FONCTIONNARISEZ NOUS !
Puisque vous nous voyez comme des agents de l’État, encadrables et corvéables à merci et que vous niez le modèle d’exercice que nous avons choisi, puisque vous nous voyez comme des petits soldats aux ordres des ARS relais de l’État :
FONCTIONNARISEZ NOUS !
Aux 35 heures, avec 5 semaines de congés payés et tous les avantages de la fonction publique !
Vous pourrez alors vraiment mettre en place un NHS à la Française. De notre côté, nous appellerons à respecter le contrat de travail qui nous liera désormais, (afin d’éviter d’avoir à subir ce que vivent trop souvent nos confrères des hôpitaux publics aux heures supplémentaires non rémunérées)
Enfin vous aurez une médecine d’État… Et des files d’attentes …
A vous de multiplier les médecins. A vous d’expliquer aux Français l’augmentation du coût de la santé alors qu’ils paieront 5 fois pour une prestation de santé dégradée : assurance maladie, mutuelles obligatoires, surcomplémentaire, reste à charge et impôts pour payer nos salaires !
Mme la Ministre, Mr le Député, vous êtes dans l’incapacité de réaliser cela. Vous voulez pourtant encadrer nos pratiques, décider de nos organisations et de nos modes de rémunérations et faire de nous un anachronisme : des agents de la fonction publique sans aucun avantage. Vous faites une erreur majeure : Nous sommes attachés à notre mode d’exercice Cette médecine libérale, nous l’avons choisie, libres et en conscience, elle est garante d’une médecine de qualité dont nous sommes fiers. Il ne peut y avoir de demi-mesure.
Vous voulez une médecine d’État : fonctionnarisez nous.
Vous en êtes incapables ? Construisez avec nous en respectant le modèle d’exercice que nous avons choisi.
Mme la Ministre, Monsieur le Député, veuillez agréer l’expression de ma haute considération
Dr Jérôme Marty.