24 h après la décision de la FMF de dire oui à la signature de la convention, il est temps d’analyser la situation.
MGFrance a le premier pris position en soutenant la signature d’une convention qui valide leur demande d’égalisation de traitement entre les spécialistes et les médecins généralistes et de renforcement de la Rémunération sur Objectif de Santé Publique…
Le Bloc a été la deuxième structure à prendre position pour la signature de la convention : selon eux, trois raisons principales : l’obtention d’un certain nombre d’avancées tarifaires et la création de l’OPTAM qui remplace le CAS, le sentiment que la santé, du fait de l’état actuel du pays, ne sera pas le sujet de la campagne électorale et que rien de plus ne pourra être obtenu les prochains mois avec un Nicolas Revel qui de plus restera probablement aux commandes.
La FMF a, le 20 et le 21 août, pris la décision d’emboîter le pas après un vote de ses adhérents et une communication répétée de son président, les jours précédant le vote, en faveur du Oui à la signature.
Rappelons que la FMF prend la responsabilité par cette décision de valider la convention (il faut trois syndicats pour la rendre viable).
Les raisons exprimées par JP Hamon sont : des avancées financières, une nécessité d’être à l’intérieur pour mieux s’opposer ou obtenir d’autres avancées, prendre plus d’importance institutionnelle, prendre la présidence du CPN (Comité Paritaire National) pour agir, et …un Nicolas Revel qui restera aux commandes mais qui “après tout est ouvert à la discussion et reconnaît la FMF”.
La CSMF donnera son avis le 25 août, le SML également mais son président s’est prononcé en faveur du Non.
Et l’UFML dans tout cela ?
D’abord rappelons que depuis 4 ans, nous avons été le fer de lance de l’opposition à la loi Santé, à la base de tous les mouvements, de toutes les actions.
Lorsque les élections aux URPS sont arrivées, nous avons décidé de faire élire un certain nombre de responsables UFML sur des listes BLOC FMF et SML (syndicats qui étaient le moins éloignés de nos combats et qui avaient participé à de nombreuses actions à nos côtés).
Le but était double : affaiblir les syndicats responsables du bilan et permettre aux idées de l’UFML de s’exprimer par une autre voie que celle de la contestation.
Ce pari a été à moitié réussi, d’abord les résultats des élections en ont été changés et nous avons pu assister à une recomposition des forces, ensuite au sein des syndicats nous avons vu s’étendre nos idées, comme le montre le vote serré à la FMF le 21 août, malgré l’action de la direction nationale.
Pour ce qui est du BLOC, nous ne pouvons que constater une décision prise avec peu de discussions ou d’explications, c’est un euphémisme…
La convention va donc être probablement validée par 3, ou 4 ou 5 syndicats… Il n’y a là aucune surprise et nous savions tous que ce risque était présent. Nous l’avons écrit à plusieurs reprises depuis plusieurs années, le système meurt et il n’est que des intérêts particuliers et des politiques à courte vue pour le maintenir.
Nous affirmons que nous ne pourrons sauver notre système sanitaire qu’avec une médecine forte (médecins et soignants).
Que nous n’aurons une médecine forte qu’avec un autre modèle de gouvernance, de financement et de démocratie sanitaire. La FMF et le BLOC sont dans l’erreur lorsqu’ils pensent manoeuvrer de l’intérieur : la loi de Santé fait de l’assurance maladie un agent vérificateur de l’application des décisions de l’État !
Nicolas Revel, que JP Hamon et les coprésidents du Bloc voient comme un interlocuteur intéressant, est un énarque aux ordres d’un État qui, par la loi, a désormais tous les pouvoirs sur les médecins, les soignants, les patients.
Nous ne sommes plus dans un modèle paritaire mais dans un modèle hiérarchique et les médecins sont aux ordres.
MGF est dans l’erreur mais fidèle à ses convictions, et la médecine administrée et encadrée ne le rebute pas dès l’instant qu’elle est subventionnée…..(Rappelons que Claude Leicher ne voyait pas dans cette loi ce qui était gênant pour les MG et en quoi il y avait une étatisation du soin).
La puissance sans partage des ARS est consacrée, la perte de la liberté d’installation et l’imposition du mode et des orientations de l’exercice sont désormais sur les rails.
L’hospitalisation privée n’a plus aucun pouvoir au sein de GHT dont elle est parfois exclue, qui agiront de façon orientée vers le secteur public, tuant une concurrence nécessaire à la qualité…
Les médecins de ville, quelle que soit leur activité, seront aux ordres, caporalisés, entre oukases des ARS et assujettissement aux organismes d’assurance maladie.
Est-ce cela que nous voulons ?
Nous savons tous que cette convention ne résoudra rien.
Nous soutenons le fait que sa signature est une erreur politique majeure !
Je lis depuis hier des réactions de colère compréhensibles mais je vois aussi parfois l’expression de défaitisme, ou la recherche de bouc émissaire…
Défaitisme devant quoi ?
Encore une fois nous savions le risque, parce que nous connaissons les hommes !
Va-t-on s’arrêter là ?
Clairement et au risque de décevoir certains résistants d’opérette : NON !
Nous avons mené nombre d’actions, toutes auraient pu avoir plus de poids si pour beaucoup l’action était plus importante que la parole.
Nous sommes face à une urgence, l’effondrement du système c’est maintenant !
La signature conventionnelle ne résoudra pas la crise sanitaire qui s’annonce avec la multiplication des zones sanitaires désertifiées.
Nous sommes face à une crise sans précédent et cette crise va être majorée par une loi dogmatique qui prône une médecine aux ordres.
Qu’est-ce que la convention par rapport à cela ? RIEN ! RIEN, elle ne résoudra rien !
Alors c’est à vous de décider : l’assurance maladie est à bout de souffle, les complémentaires prêtes à étendre à la médecine les réseaux de soin ; l’État, les ARS, l’Assurance maladie décident pour vous et volent votre capacité d’avoir main sur votre avenir.
Les tarifs de vos actes sont ridicules et les modes de rémunération que l’on vous impose vous enferment dans l’obéissance au sein d’une médecine sous influence.
Les valeurs de votre exercice, ce pourquoi vous avez fait jusqu’à 15 ans d’études sont foulées aux pieds.
Vous n’êtes plus rien dans ce modèle qu’un effecteur de soin.
Alors ça dépend de vous !
Ne perdons pas de temps et regardons demain.
Soit nous relevons la tête et décidons de nous donner la possibilité de renverser le système et de le refonder, sans aucun état d’âme, soit nous acceptons de le proroger, rustine après rustine.
Le 17 septembre à Paris, l’UFML tiendra son Assemblée générale, les décisions d’en changer la structure et de regrouper les énergies seront mises au vote.
CODTS, COMELI, coordinations, associations , médecins et soignants, tout ce que le soin comporte comme énergies doit pouvoir demain se regrouper.
Nous n’obtiendrons que ce que nous irons chercher !
# Novembrevivant
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