La question de la transformation de l’UFML en syndicat est bien plus qu’une simple question de statuts. Elle ouvre, au regard de ce que nous tous soignants vivons, sur la complexité du moment.
Nous avons, depuis que ce mouvement est né, impulsé un combat au nom de la défense des valeurs de nos engagements : humanisme, éthique et déontologie, responsabilité face à l’homme, refus d’une dépossession de la médecine pour des intérêts autres que le soin.
Nous avons vu monter, depuis des années, la place de l’Etat, celle du marché, foulant au pied ce qui fait l’essence même de nos vies.
La loi de modernisation de la santé a concrétisé l’idée d’une médecine aux ordres, et la transformation de ses praticiens en effecteurs de soins. Ne nous trompons pas, elle n’est qu’une étape et le pire est à venir.
La transformation du système sanitaire en objet de rapport ne peut être totale qu’avec une société soignante morcelée, divisée, affaiblie au point de ne plus exister.
Le jeu politique, nous l’avons écrit maintes fois, consiste à parcelliser le combat, tout en laissant croire, au sein de convention encadrée, qu’il reste encore une place décisionnelle à ceux-là même que l’on dépossède.
Nous vivons, quelle que soit notre profession, quel que soit notre secteur d’activité, un bouleversement mondial qui, sans réelle prise de conscience de ce qui fait nos vies, pourrait bien à tout jamais faire disparaître l’existence même du médecin, du soignant, responsable devant l’humain de ses actes, de ses choix, de sa pratique.
Nous ne percevons que trop la désespérance et cette impression que rien ne peut être fait, hormis signer de maigres accords, fades épices sur une cuisine préparée sans nous.
Le doute est là, et, alors que les professions s’interrogent, chaque jour le rouleau compresseur avance, et le nombre de victimes réelles augmente.
Cinq infirmiers ont mis fin à leurs jours durant l’été ; ce drame nous rappelle que toutes les professions du soin sont touchées, il nous renvoie à nos responsabilités.
La question qui se pose à nous, est étroitement liée à l’avenir, et l’avenir est déjà présent !
Le modèle de représentation professionnelle qui prévalait jusqu’alors est mourant, incapable de remise en question, il prépare son propre enterrement, prisonnier de sa logique il ne peut stopper sa perte et, bien loin de ses préoccupations, tout un système politico-financier s’agite sourire aux lèvres, et offre couronnes et gerbes…
Se réformer ou mourir ? Telle est la seule question que chacun de nous doit se poser, tant il est vrai que la prise de conscience est d’abord individuelle.
Se réformer s’est d’abord penser autrement, sortir de sa condition, pour ne voir que la médecine. Cette question est une question politique, tant les drames de l’effondrement d’un système sanitaire basé sur la liberté de choix de ses acteurs va impacter la société.
Se réformer c’est oser l’union de tous, et tout faire pour que celle-ci se concrétise.
Se réformer, c’est inventer ses propres règles, renverser les convenances, sortir du cadre, être d’abord un homme.
Les attaques que nous allons subir vont être d’une violence extrême, et loin de prendre le temps elles vont s’accélérer, la nature a horreur du vide et la partie voudrait se jouer sans nous !
Ce que vous dit l’UFML, association ou syndicat, n’est rien d’autre que : « croyez en vous, portez l’espoir, vous êtes des praticiens, vous êtes au centre de ce qui rend une société humaine, votre rôle n’est pas d’obéir, votre vie ne se conçoit pas la tête baissée ! ».
Ce que vous dit l’UFML c’est que vous portez tous l’avenir, mais que peu d’entre vous le savent. Changer le doute en certitude, la lassitude en volonté, l’abandon en engagement, la défaite en victoire, et le faire ensemble !
Voilà ce que vous dit l’UFML quelle que soit la réponse à la question.
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