« L’UFML quitte son statut associatif pour évoluer en syndicat : quelles ont été vos motivations ? »
Nos motivations sont d’abord celles de nos adhérents qui, par une très large majorité (73 %) ont décidé de cette transformation. Ils l’ont fait en conscience sur la base d’une ligne de programme exprimée au fil de l’existence de l’UFML.
Le système sanitaire vit un effondrement ; , un effondrement ne s’arrete pas et ne peut que s’accélérer.. Le modèle actuel de représentation syndicale est à bout de souffle, il est donc indispensable qu’une organisation ait le courage d’imaginer une autre voie et casse les codes qui régissent l’univers syndical.
La création d’une confédération regroupant sous une même entité différentes professions du soin, ou en relation avec le soin, et cela de façon trans-sectorielle, est une de ces ruptures.
Respecter une charte de conduite et d’absence de conflit d’intérêt, être par essence opposés à toute subvention liée à la signature conventionnelle ou à tout renouvellement de mandat en est une autre.
L’UFML est l’enfant de l’échec de trente ans de politique sanitaire, sans état d’âme et sans tabou, elle prendra sa place, même (surtout) si cela doit se faire au détriment de l’ordre établi.
« Quelles étaient les raisons de votre opposition à la convention médicale ? »
Elles sont doubles.
La première est une question de bon sens et d’honneur : on ne traite pas avec un gouvernement qui a légalisé la disparition du modèle médical français. La loi de modernisation de la santé change le paradigme du soin, elle instaure le dirigisme sanitaire, sacralise l’intérêt économique en lieu et place de l’intérêt médical, elle bafoue les valeurs socles de la médecine que sont la liberté de pratique, l’indépendance décisionnelle et le secret médical. Elle déchire la médecine de France pour la remplacer par des effecteurs de soin, simples rouages du système.
Plus grave, elle fait des patients de simples objets comptables, négociables par le système assurantiel.
La deuxième est liée à la spécificité du moment : la période électorale ouvre aux engagements contractuels et l’effondrement du système sanitaire valide toutes les analyses de l’UFML. Les responsables politiques ne pourront fuir encore longtemps, tant la réalité vécue par les Français sur tout le territoire que leurs responsabilités devant les drames qui s’annoncent.
Notre analyse est que les événements forceront à l’écoute et aux prises de positions radicalement différentes de celles usitées depuis 30 ans. Il fallait donc rompre dès maintenant avec le système actuel pour mieux imposer sa reconstruction.
Telle n’a pas été la position des centrales syndicales et les signatures, ou non-signatures, ont reflété une fois de plus les intérêts boutiquiers, la parcellisation du combat, l’absence de hauteur de vue, et l’incapacité à provoquer l’histoire.
« Vous aspirez à devenir représentatifs dans quatre ans, comment allez vous vous y prendre ? »
Nous allons respecter les soignants, ils ont été tellement méprisés !
Mépris des responsables politiques, administratifs, financiers, syndicaux…
La défiance institutionnelle est fille de ce mépris. Les politiques sanitaires successives ont fait le choix d’une gouvernance qui a confisqué la capacité des soignants à poser main sur leur avenir et sur celui du système de soin.
Face à cette violence, la sphère syndicale n’a érigé aucun pare-feu et a accompagné la dépossession. Les conséquences de cette politique suicidaire se payent aujourd’hui de l’hôpital à la ville et du secteur public au secteur libéral.
Cela suffit !
Nous allons respecter les soignants et plus encore, nous allons imposer leur respect !
Il est temps de mettre tout en œuvre pour siffler la fin de la partie. Par cela j’entends : mettre un terme aux comportements politiques ou financiers qui s’arrangent avec l’éthique et les valeurs.
Un médecin, un soignant, n’est pas un outil, un patient n’est pas un objet n’en déplaise à ceux qui croient diriger le système.
Que les choses soient claires, nous défendons la place incontournable du soignant et sa capacité à décider de l’avenir du système et entendons lui redonner ce respect qui lui a été volé. C’est ainsi que nous allons prendre toute notre place, dussions-nous faire tomber quelques privilégiés.
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