Selon la CNAMTS, la grève de la carte vitale occasionnerait des retards de remboursements de plusieurs semaines.
Ainsi donc, les effectifs de la sécurité sociale ne seraient plus suffisants depuis l’avènement de la télétransmisison, et cette pénurie laisserait présager d’importants retards dans les remboursements.
Il est vrai que ces dernières années, les employés survivants de l’AM ont plutôt suivi de coûteuses formations permettant à de jeunes padawans dûment estampillés “délégués” de venir expliquer aux médecins le B-A-BA des prescriptions vertueuses , tandis que ces mêmes médecins évangélisés et équipés de lecteurs de carte vitale mettaient en œuvre à leurs propres dépens le concept de “délégation de taches”, devenant ainsi les coupables tout désignés des défauts de remboursements. Extraordinaire.
L’arrêt de la télétransmission, en réalité va bien au delà de la gêne administrative pour les assurés, et porte sur 2 points fondamentaux pour l’évolution de notre système de santé.
Le retour de la FSP est la remise en perspective d’une relation triangulaire oubliée entre le médecin, le patient, et l’assureur où il apparaît clairement que le praticien a bien dispensé un service sollicité, service pris en charge de façon contractuelle et que l’assureur doit rembourser, sous peine de devoir faire face aux légitimes recours de l’assuré.
Bref, l’exact opposé du TPG, mais qui permet aussi de mieux comprendre la guerre menée contre le paiement à l’acte.
L’arrêt de la télétransmission, c’est aussi, et peut être surtout, le tarissement subit de l’afflux de milliers de données alimentant la base-patients sur laquelle se fondera la stratégie de santé et d’autres stratégies financières bien moins dicibles.
Ces fameuses données médico administratives dont on nous promet qu’elles feront avancer à pas de géants la prévention, la qualité des soins, l’efficience , un peu comme la création des ARS aurait du générer d’énormes économies ou la Carte Vitale libérer assurés et praticiens.
Ces données qui, jointes à celles du Dossier Médical rebaptisé Partagé, à celles de l’UNOCAM, des hôpitaux et autres organismes dont la liste n’est pas encore arrêtée, constitueront la base-patients. Chaque patient étant identifié sous un numéro unique d’identification nationale, il n’est pas absurde de penser que d’autres bases pourront abonder ce fichier géant : dossier bancaire, pénal, assurantiel, scolaire …. Bien sûr, un certain nombre de garanties concernant l’accessibilité à ces données sont présentées, nous y reviendrons, mais il faut être singulièrement naif ou peu au fait de l’actualité, pour ne pas comprendre qu’un pas est franchi dans la perte des libertés individuelles et l’accroissement de la toute puissance de l’état.
Pour nous médecins, soumis au code de Déontologie, il est de notre devoir de manifester une inquiétude largement légitime : pouvons nous réellement laisser faire, refuser de voir ce qui qui est la mise en pièces de l’intimité dont nous avons la charge au profit d’un collectif animé par des intérêts économiques et financiers ? pouvons nous accepter l’amalgame entre “public” et “commun”, “privé” et “intime”, l’un étant la vertu, l’autre le mal ?
L’arrêt d’activité était une semonce, l’arrêt de télétransmission, une sanction.