Depuis des mois, les Agences Régionales de Santé autorisent des plateformes commerciales de téléconsultations faisant fi du socle même de la médecine de France : la médecine ne doit pas être pratiquée comme un commerce.
Ces autorisations sont un sommet de cynisme, à l’opposé de ce que connaissent les Français, les promoteurs des plateformes carburent à la crise démographique !
La misère et l’inquiétude font le marché, c’est une constante à travers les époques. Les plateformes commerciales de téléconsultations se présentent donc comme solutions aux déserts alors que ce sont les déserts qui sont la solution aux plateformes de téléconsultation.
Les Agences Régionales de Santé les autorisent contre l’assurance du « zéro reste à charge » combo vertueux pour les plateformes commerciales : la résolution des déserts par des soins gratuits ! Autorisées, elles se vendent donc en marque blanche à des entreprises ou des mutuelles et assurances qui offrent le service à leurs affiliés, salariés ou cotisants.
Elles emploient des « médecins écran »payés au forfait ou salariés qui jamais n’examineront réellement le patient. Elles définissent une sorte de cahier des charges où seul « l’acte simple » est proposé, « l’acte complexe étant laissé au médecin de chair » Médecin écran, acte simple, gratuité mais abonnement c’est bien une médecine low cost qui est proposée voire imposée au patient et pour masquer cela, la plateforme fait de sa faiblesse un argument de vente « décharger les cabinets de ville des actes simples, diminuer les délais de rendez vous, donner du temps au médecin » Les forfaits les plus dégueulasses sont toujours enveloppés dans du papier de soie ! L’attrape nigaud trouve là sa limite : en effet, si les médecins de ville se font de plus en plus rares du fait d’un sabotage en règle du modèle libéral par les gouvernements successifs, comment imaginer un seul instant que ceux là pourraient rester présents alors même que le difficile équilibre économique de leur entreprise serait rompu du fait du pillage d’une partie non négligeable de leur activité par le marché ?
Loin de favoriser une médecine de qualité, le télé machin commercial construit une médecine partielle et incomplète au business plan construit sur le fantasme de l’existence d’un acte simple. Loin de fournir une solution aux déserts médicaux, les plateformes commerciales en une construction perverse, les accentuent et trouvent alors plus de carburant pour se développer.
Les millions d’euros soulevés par les plateformes sont l’expression de leur amoralité : pas de contrôle tarifaire, pas d’encadrement administratif, pas de tutelle, l’argent coule à flots sans la moindre question des autorités. Les sommes à l’évidence ne sont en rien liées au développement du produit. Là encore, il faut regarder derrière le miroir : demain, en une règle habituelle, les grosses structures mangeront les petites et les méga plateformes pourront alors exploiter la vraie richesse : les données de santé .
Gageons que là encore, elles présenteront la rupture du secret professionnel, effondrement final du modèle médical, comme une avancée majeure en terme de santé publique.
Dr Jérôme Marty Président de l’UFML Syndicat
Tags: ARS Business plan Déserts médicaux Loi de santé Négociations conventionnelles Syndicats de médecins télémachin Télémédecine UFML Syndicat
Dommage Marty qu’il ne soit pas possible d’entrer en contact privé pour apporter qq infos complémentaires
comme je vous l’ai écrit par mail votre demande a été transmise au Dr Marty.