Conventionnement sélectif, réforme des études médicales illisibles, augmentation de leur durée avec une année de docteur junior à effectuer dans les zones en déficit de médecins, c’est-à-dire sans senior responsable de la formation, actes médicaux toujours plus nombreux donnés à d’autres professions, plus de forfaits et moins de paiements à l’acte, aucune réelle valorisation tarifaire (5 € promis par une candidate) ; une absence totale de connaissance des besoins, du rôle et de la responsabilité des médecins libéraux.
Rien, il n’y a rien dans les programmes santé des différents responsables politiques en capacité d’être au second tour de l’élection présidentielle de 2022. Il n’y a aucune volonté de remise en place du système et de développement de la médecine libérale, uniquement la poursuite des politiques précédentes. Politiques paravents d’économies de Santé dont on a pu déjà largement apprécier les conséquences, CPTS multipliées, SAS, MSP, ROSP et autres forfaits, déshabillage de notre exercice, délégations de tâches à risque pour les patients, la situation va encore s’aggraver. Dès lors nous n’avons pas trente-six solutions. Soit on accepte, on se soumet, on se laisse faire, et on assiste à la descente continue d’une médecine libérale méprisée, délaissée, non reconnue. Soit on décide de prendre en main le destin de notre profession.
Ne nous voilons pas la face, les responsabilités de la situation passée, présente et à venir sont aussi nôtres ! Nous avons participé nous médecins et nos représentants à cette dégradation, nous y avons participé et nous l’avons accompagnée, construite à travers les signatures répétées de nos anciens syndicats représentatifs au fil des conventions et par notre acceptation passive, parce que nous sommes par trop individualistes, voire même indifférents. Rien n’aurait été possible sans la participation de la profession elle-même… Et nous en sommes là, face à ce sabotage, qui fait redouter la disparition de la profession, du moins dans le mode d’exercice actuel, en l’absence de réaction de notre part. Nous avons laissé à d’autres la responsabilité de l’avenir de nos professions et donc de notre avenir, et cela est, nous le savons tous, dangereux. Dangereux parce que, l’expérience nous le montre année après année, on ne peut décider de la médecine sans les médecins pas plus que l’on ne peut faire de médecine sans médecins.
Si nous nous sommes levés, si L’UFMLS s’est développée et a été élue représentative en juin 2021, c’est précisément pour mettre un terme à tout cela et pour redonner à chaque médecin, à la profession, la possibilité de reprendre la main sur son avenir. Ce ne sont pas que des mots, c’est un engagement quotidien et permanent. Ce n’est pas un syndicat de plus comme l’expriment certains présidents d’autres structures qui laissent à croire à l’existence d’une balkanisation du syndicalisme médical. Non, nous sommes nés, nous existons et nous nous développons dans un seul but : réussir là où les autres, tous les autres, ont échoué.
Nous entendons souvent la crainte de beaucoup d’entre vous d’être « récupérés », qui traduit le doute face au syndicalisme, ce doute est compréhensible au regard des fautes, des trahisons, des compromissions, des signatures conventionnelles qui valent financement par exemple. En France, le doute s’est installé face à ce type d’instances. Grâce à ce que nous défendons, et aux valeurs que nous portons, il doit s’effacer et la crainte individuelle doit laisser place au soutien, à la solidarité et au combat collectif.
Nous ne pouvons pas réussir sans vous, vous ne pourrez pas sauver la profession sans votre engagement collectif. Les semaines et les mois qui viennent vont être décisifs, la médecine de demain dans son organisation, son mode d’exercice et la place des médecins en son sein se décident maintenant, nous devons prendre toute notre place, stopper les dérives, écarter les fausses solutions, imposer nos idées. Parce que nous devons être nombreux dans ce combat et que ce combat doit être structuré, nous allons ouvrir une cotisation solidaire. Il ne s’agit pas d’une adhésion à un syndicat mais d’un marqueur symbolique à la volonté de participation au sauvetage de la profession. C’est en quelque sorte un engagement ponctuel qui pourra ensuite se transformer en adhésion syndicale pour chaque personne qui souhaitera en faire la démarche. Dans les semaines et les mois qui viennent, l’UFMLS va peser sur le débat, d’abord, et nous l’avons annoncé par un arrêt d’activité le 11 avril au lendemain du premier tour de la présidentielle afin d’impacter dès le premier jour, l’entre deux tours d’élection présidentielle autour de la médecine libérale, de ses urgences, de ses besoins, de son développement. Nous l’avons écrit, la médecine libérale, les médecins libéraux, sont les grands oubliés des campagnes électorales, parce qu’ils sont volontairement méconnus, ils sont « mal » traités, parce que justement non reconnus, ils sont caricaturés et les programmes santé des candidats sont de fait très éloignés de la réalité de nos pratiques dans nos exercices. Nous devons faire cesser cela nous devons rappeler aux candidats et à leurs équipes qui nous sommes et l’importance de notre place dans la vie de chaque Français. Nous ne sommes pas une profession au rabais, nous ne sommes pas une banque d’organes pour d’autres professions, nous ne sommes pas des pions que l’on déplace, nous avons fait 8 à 15 ans d’études, passé les concours les plus difficiles, nous sommes souvent multi-diplômés, et nous nous formons tout au long du temps. Notre métier est un des plus difficiles et certainement le plus beau, notre engagement est total. Ces difficultés nous les avons acceptées, cet engagement nous l’avons voulu, par passion du soin, par humanisme. Et c’est par passion du soin et par humanisme que nous devons prendre la responsabilité de l’orientation de notre médecine afin de garantir à chacun la qualité du soin. L’UFMLS abordera dans les mois qui viennent toutes les solutions possibles et ce sans état d’âme.
Le dé-conventionnement, sujet tabou des différents responsables politiques, fera l’objet « d’Assises du dé-conventionnement » où seront abordés chaque facteur de blocage, chaque possibilité, du scandale du tarif d’autorité à la fiscalité, des avantages du mode d’exercice à ses inconvénients, nous y inviterons l’assurance maladie, des responsables d’assurances complémentaires, des économistes, sociologues, politiques etc. et nous mettrons ce sujet au centre du débat. Parce que l’assurance-maladie, les ARS relais de l’État, les gouvernements successifs n’ont pas voulu prendre en considération nos professions, notre mode d’exercice, ni nous entendre, nous devons étudier toutes les solutions possibles pour donner à la médecine libérale toute sa place, sa valeur, sa grandeur. Les semaines et les mois qui s’annoncent seront décisifs, franchissons les ensemble…
Dr Jérôme Marty Président UFMLS