Au moment où j’écris ce texte, je suis en train de suivre les négociations conventionnelles autour des CPTS.
Et c’est assez extraordinaire parce que vous le savez sans doute les études récentes concernant la démographie médicale montrent un léger frémissement attendu pour 2035 et une embellie pour… 2050 !
Nous le voyons tous les jours, nous le vivons tous les jours, notre médecine se dégrade comme jamais elle ne s’est dégradée jusqu’alors. Cette dégradation était certes continue, à tel point que les médecins quinquagénaires peuvent dire qu’ils n’ont jamais assisté à une amélioration de leurs conditions d’exercice depuis qu’ils se sont installés !
Mais ce que nous vivons depuis quelques mois signe une accélération de cette dégradation. En fait on peut parler d’effondrement de notre système sanitaire et, je l’ai écrit et dit à plusieurs reprises, je ne connais pas d’effondrement qui ralentisse.
Toutes les réformes menées jusqu’alors n’ont fait qu’amplifier la crise que nous vivons et que nos patients payent. Les réformes actuelles ne sont que le strict continuum des réformes précédentes et elles ajoutent donc leurs échecs aux échecs précédents.
Voir des syndicats de médecins et de professions paramédicales discuter le bout de gras autour d’organisations qui ne résoudront en rien la crise que vivent et que vont vivre douloureusement tous les Français a quelque chose de pathétique. Nous sommes tous autant que nous sommes sous la pression d’une demande de soins toujours plus importante. Nous vivons tous des départs de consœurs ou de confrères sans voir de nouvelles installations qui viendraient nous aider à faire face. Nous même avons les plus grandes difficultés à trouver des remplaçants. Nous vivons tous cela. Et ce ne sont pas les lois, décrets, ordonnances parus ou à paraître qui changeront les choses.
La crise COVID révèle un peu plus encore les failles de notre système de santé et ces failles ne sont en rien de la responsabilité des soignants. L’hôpital va mal, et la médecine de ville va mal mais, à la différence de l’hôpital, personne ne parle de la médecine de ville, si ce n’est pour désigner ses médecins comme responsables de territoires de santé et donc des déserts médicaux que les politiques sanitaires successives ont installés !
Et comme toujours, quand l’animal est blessé, les rapaces s’installent. Les sociétés commerciales de télé-consultation sont favorisées et se développent sans frein pendant que les représentants des médecins de ville discutent autour du service d’accès aux soins et de la réponse aux soins non programmés… le groupe Ramsay développe ses centres de santé pendant que les représentants des médecins discutent des CPTS !!! Les médecins voient toute une part de leur exercice être livrée à d’autres professions par simple amendement à la loi de financement de la sécurité sociale et sans qu’ils aient été une seule fois consultés. Toutes les réformes depuis 30 ans ne visent qu’une seule chose : toujours plus administrer le soin, toujours plus encadrer les médecins, rendre l’exercice toujours plus dépendant de décisions de non soignants.
La crise COVID a montré une chose : lorsque l’administration est dépassée lorsqu’elle est apeurée, lorsqu’elle est en panique, lorsque le politique n’a plus de repères, il reste une chose immuable, présente et responsable : le soin. Tout le monde s’accorde à le dire : jamais nous n’avons aussi bien exercé que quand les structures administratives nous ont foutu la paix. Jamais les hôpitaux, les cliniques et la médecine de ville n’ont aussi bien fonctionné que lorsque les administrations étaient aux abonnés absents ! Cet état de fait a démontré l’échec des systèmes construits sur la vassalisation des soignants, et, une fois la crise passée ou du moins améliorée il était donc urgent de revenir au système précédent afin de masquer qu’une autre voie était possible. Lorsque nous perdons du temps à construire une médecine toujours plus encadrée, nous participons à poursuivre ce modèle sanitaire en échec qui lentement tue notre médecine.
L’UFMLS appelle les médecins à être les artisans de leur avenir et à ne plus accepter de subir. C’est pour cela que nous vous appelons à un mouvement d’arrêt tel que défini sur notre site Internet. Rien n’est immuable et parce que le système va continuer à tomber il est de notre responsabilité de nous lever.
Dr Jérôme Marty
Président de l’UFMLS
Bonjour
La seule grève reelllement efficace ´car la fermeture des cabinets n a jamais été suivie ( chaque médecin ayant toujours un bon prétexte pour finalement rester a consulter), est l interruption totale de toute tâche administrative et de façon prolongée , renvoyant aux médecins conseils et aux spécialistes qui augmen régulièrement leurs honoraires et renvoient de plus en plus les basses besognes aux généralistes.