NOS POLITIQUES NUISENT GRAVEMENT A VOTRE SANTÉ : PATIENTS, SOIGNANTS, DÉFENDEZ VOUS !

Tribune GuillaumeComment expliquer la déliquescence de notre système de santé, qui fut cité en exemple, en un modèle allant de la perte de chance pour les patients à la souffrance de plus en plus forte des soignants ?
La santé n’est plus considérée par nos politiques comme un investissement juste et nécessaire pour la Nation mais une source de dépenses inflationniste à maitriser entrainant un sous-investissement chronique associé à une suradministration stérile, les deux se conjuguant.

1. UNE VISION TECHNOCRATIQUE, OMNIPOTENTE et AVEUGLE :
Débutons par les ordonnances Juppé de 1996 définissant l’ONDAM, enveloppe budgétaire votée annuellement à l’Assemblée Nationale et limitant les dépenses de santé.
Cette vision technocrato-comptable a bouleversé le paradigme : les dépenses de santé n’étant plus liées aux besoins de la population mais ceux-ci devant se limiter à l’enveloppe allouée.
Ainsi commença la paupérisation des soins faisant des soignants des variables d’ajustement car si on ne peut décemment réduire drastiquement la qualité des soins et le coût inflationniste de médicaments, alors les murs des hôpitaux décrépissent et tous les soignants en pâtissent.

Comment motiver des infirmiers hospitaliers (IDE) à exercer la nuit pour une aumône généreusement réévaluée de 0,17 à 0,34 euros/heure ? (syndicat-infirmier.com 29/08/22)

Et comment motiver les jeunes médecins à s’installer en libéral alors qu’au mépris du politique s’ajoute la précarité de consultations à 25 euros, au plus bas de l’OCDE, faisant après charges et impôts, un bénéfice net de 9 euros la consultation ?

De plus, l’Etat, dans un manque d’anticipation ahurissant, a cassé le numérus clausus par 2 de 1984 à 2002, passant sous la barre des 5000 médecins annuels en formation, dans une vision dont les énarques ont le secret de ‘moins de médecins, donc moins d’offre de soins et moins de dépenses !’

Et alors que les pères fondateurs avaient pour volonté d’établir une démocratie sanitaire, plaçant la sécurité sociale entre les territoires et l’Etat, ce dernier a imposé son omnipotence avec l’art L1411-1 de la loi de ‘modernisation de notre système de santé’ défendue par Marisol Touraine, car alors « La politique de santé relève de la responsabilité de l’Etat » notamment « 5* l’organisation des parcours de santé » (texte adopté n* 650 session ordinaire de l’A N du 17 décembre 2015)

2. UN MEPRIS MANIFESTE et BRUTAL de l’ADMINISTRATION :
Pour imposer cette emprise de l’Etat, il fallait briser le pouvoir médical, notamment hospitalier avec la fin du mandarinat, par la toute-puissance des directeurs d’établissement, sortant pour bon nombre du sérail de l’EHESP (Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique) dont l’une des anciennes élèves, Mme Marie Odile Saillard alors directrice du CHR de Metz-Thionville a dit « Nous sommes tous capricieux, les médecins le sont plus particulièrement, ce sont des divas ».
Alors interrogé sur le management de celle qui fut également directrice du CH de Bapaume et d’Arras, voici la description par un chef de service d’un bel exemple managérial « brutal et agressif, fonctionnant par la peur et l’intimidation » (EGORA 07-04-2022 & reseau-chu.org le 05/10/2015)

C’est encore en pleine épidémie du COVID19 que le DG de l’ARS GRAND EST avec « la même vision exigeante » de réduction du nombre de lits et de postes et donc des coûts de l’hôpital avait décidé de poursuivre leurs suppressions au CHRU de NANCY en dépit d’équipes soignantes exsangues… (QDM 06-04-20) Voilà le résultat d’une administration aveugle et sourde aux besoins des Français.
Nous devons être conscients que nous ne sommes que des larbins aux yeux des politiques malgré nos années d’étude, nos responsabilités, nos compétences et notre investissement sans faille.

3. UNE OBSESSION de l’HÉMICYCLE entre fantasmes et électoralisme :
Trop de politiques nous jugent fainéants, nantis, irresponsables, extravagants… Alors que nous travaillons en moyenne 55 heures hebdomadaires, assumons plus de 95% de la permanence de soins, la moitié des médecins souffrant de signes de surmenage avec un taux de suicide 2.5 plus élevé que la population générale.

C’est ainsi que M Valletoux, alors président de la Fédération Hospitalière de France (FHF), sans distinction entre continuité et permanence de soins dit en constance « il y a un problème d’organisation de la médecine. Les QUELQUES généralistes qui continuent à travailler sont débordés » (EGORA.FR 14-11-2019)

Et sans aucune honte, il sera le rapporteur d’une proposition de loi (PPL) le 12 juin qui est ‘un modèle d’obstination dans l’échec’, insatisfait de l’état de délitement de l’Hôpital Public, il a la vanité de reformer la médecine libérale avec l’adhésion systématique aux CPTS, l’obligation de PDSES voire de PDSA et encore plus de suradministration des soins…
(F BIZARD, le blog santé 27 mai 23 & EGORA 13-05-23)

Et n’oublions pas M Garot, député de la Mayenne, qui promeut la coercition à l’installation alors même que plus de 80% du territoire est en zone sous dotée et que le 1er désert de France n’est pas sa campagne mais l’Ile-de-France ! Les politiques ont pour malsaine ambition de rendre les médecins responsables de la pénurie qu’ils ont très largement organisée.

4. DE RECULS EN RENONCEMENTS MINISTÉRIELS :
Et que dire de notre ministre de la santé, Mr François Braun, qui déclare « attention à ce que le remède ne soit pas pire que le mal » au sujet de possibles pénalités de patients indélicats voire irrespectueux qui n’honoreraient pas leurs RDV médicaux évoquant le chiffre de seulement «  9 millions » de RDV non honorés par an. (EGORA.FR 03-05-23)
Ainsi, la CNAM et le gouvernement ne cessent de rendre responsables les généralistes des soi-disant 6 millions de patients sans médecin traitant dont 600.000 en ALD mais il n’a même pas le courage politique et en tant que médecin d’assumer la légitime responsabilisation des patients !

Et alors que le « NO BED CHALLENGE » avait été initié par le Dr Braun pour lutter contre les fermetures de lits, le Dr NOIZET, son successeur a créé le « NO DEAD CHALLENGE » afin de lutter lui contre les morts inattendus en service d’urgence. Voilà, nous sommes tombés si bas qu’un patient peut arriver, rester des heures dans un service d’Urgence en France et mourir par ce qui est décrit pudiquement comme des conditions de prise en charge dégradées. (QDM 01/12/2022)

5. LE LIQUIDATEUR ELYSÉEN :
Finissons par notre président, Mr Macron, qui, d’une méconnaissance évidente de l’exercice libéral à un mépris de classe, entend bien nous imposer de nouvelles missions, plus de charges de travail et remet en cause le paiement à l’acte !
Pour lui, « la réponse n’est pas forcément plus de moyens », se targuant que le budget de la santé avait été augmenté de 50 MILLIARDS en 3 ans mais oubliant de dires que le SEGUR avait donné 30 MILLIARDS à l’hôpital public pour 800.000 MILLIONS aux libéraux…
Il défend aussi une forme de commercialisation des soins, prodiguant comme solution à la valeur de l’acte la plus faible d’Europe de déléguer les soins et de prioriser les plus rémunérateurs au détriment du suivi médical, de la relation médecin-patient et de la qualité de nos 9 voire 10 ans de formation : « S’ils sont malins, ils délèguent les soins qui ont le moins de valeurs aux paramédicaux » (caducee.net le 09/01/23)Or La dernière convention négociée avec la CNAM après la lettre de cadrage du ministre de la santé a été rejetée par tous les syndicats à une très grande majorité des voix.
Oui, cette convention était une insulte envers les soignants et les patients, mettant en péril notre exercice médical, la pérennité de nos structures et par conséquent l’offre de soins.
L’Etat n’avait qu’un seul objectif durant ce simulacre de négociations : nous expliquer pourquoi il a raison et qu’il est nécessaire que nous fassions plus encore avec moins.

6. ‘On ne règle pas les problèmes avec ceux qui les ont créés.’ comme le disait A. EinsteinC’est dans ces moments de rupture que nous devons résister à un ordre établi, une oppression d’un pouvoir qui ne veut pas moins que la fin de notre modèle d’exercice.Soyez conscients, médecins et patients, que nous sommes à la croisée des chemins et que seul le rapport de force peut faire entendre raison aux politiques car la peur doit changer de camp et ils ont largement fait la preuve de leur inconsistance.
Médecins, rejoignez-nous en signant votre LETTRE D’INTENTION* sur deconventionnement.fr car notre nombre sera notre force et l’UFMLS vous défendra et défendra une médecine libérale respectée, fière, libre et indépendante lors des prochaines conventions.
* Cette action est LIBRE, GRATUITE, ANONYME, sous contrôle d’HUISSIER et sous votre contrôle.

Nous le méritons, vous le méritez, tous les Français méritent une médecine de qualité avec des soignants heureux et fiers et non plus soumis au stakhanovisme d’Etat.

Dr Guillaume DEWEVRE
Secrétaire Général UFMLS

 

2 Commentaires
  1. Bertin 2 ans Il y a

    Pour la défense d’une médecine de qualité, cohérente et méritée par nos patients.
    Contre la médecine coercitive voulue par nos diriglands de l’Assemblée Nationale.

  2. Bozon Gonnet 2 ans Il y a

    Très belle tribune ! Elle me fait penser à l’intervention de Macron visionnée sur YouTube car reprise par des confrères où tout est dit et je me le repasse en boucle dans ma tête : Macron dit parlant du système de soins :  « Il est très difficile de construire sur quelque chose qui n’a pas été intégralement détruit »
    Nous sommes donc voués à être démolis comme un trop vieux batiment qui n’a pas la chance d’être classé monument historique et que du coup personne ne songe à améliorer !

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