« Une Ministre peut faire des erreurs comme une autre »
Oui je suis médecin et je m’élève contre cette assertion qui vise à faire du vin un simple danger sociétal.
Je les entends, les bien-pensants, ceux qui nagent avec le courant: « mais l’alcoolisme, les drames, mais les enfants… »
Tu sais quoi ? C’est toi qui te lèves la nuit ? C’est toi qui es au contact des douleurs, toi qui es face aux blessés de la vie ? Toi à qui l’on parle de la peur de la mort, du désespoir , c’est toi qui essayes d’apaiser?
Pas de leçon ! Je te le dis : pas de leçon !
Oui je suis médecin et je dis « non le vin n’est pas un alcool comme un autre ».
Il est une histoire de vie, l’histoire de milliers de femmes et d’hommes à travers les âges, l’histoire de milliers de femmes et d’hommes, et de terre, de terroir, de passion, de sueur, de souffrance et de joie.
Il est la différence qui unit , il est mouvement et magie du temps, il est évolution .
Il est viscéralement attaché à la France, il est notre histoire et par delà les océans il nous raconte.
Il faut avoir croisé les yeux des vignerons , serré ces mains calleuses , entendu les dégâts d’une grêle ou d’un gel, écouté conter la façon d’élever pour savoir que cela n’a rien « d’un autre »
Il faut avoir traversé les vignes, vu les couleurs en automne, senti l’odeur des presses, entendu les vendanges , regardé ce monde pour comprendre que, plus que tout autre , il est la main de l’homme.
Non il n’est en rien « comme un autre »
Il est attente, espoir, plaisir , il est rage, révolte et colère il est histoire de terre .
La prévention de l’alcoolisme et de ses conséquences ne justifie pas l’insulte faite à nos terres .
Le vin est jeune, il s’élève, devient mature, il avance et se complexifie.
Si le vin est un alcool comme un autre , alors il peut se limiter à une étiquette , un logo informatif « l’alcool est dangereux pour la santé » Mais il ne l’est pas, la vie ne l’est pas.
Madame la Ministre , quel que soit le bien fondé de la prévention elle ne peut se concevoir sans le respect des femmes et des hommes, sans la connaissance de l’histoire et des terroirs .
* additif au texte suite aux nombreux commentaires et aux échanges parfois « tendus » autour de la prévention:
Pour en revenir a mon propos liminaire . Il n’est bien sûr pas question de s’opposer à la lutte contre l’alcoolisme . Non, ce qui pose problème , c’est le fait de décider ex abrupto que l’inscription sur les étiquettes de vin « à consommer avec modération » est mauvaise et que « comme le vin est un alcool comme un autre » il faut mettre « l’alcool est dangereux pour la santé » Ex abrupto . Au delà, il faut oser se poser la question de l’infantilisation qui masque la faiblesse de la médecine préventive et la place de la sante publique.
▪️Où sont les campagnes explicatives ?
▪️où est la voix de la santé publique à l’école ?
Pour ne citer que deux champs d’intervention.
Il y a eu par comparaison une vraie politique de prévention pendant les années SIDA d’abord grâce aux associations comme Act up , ou aides, puis relayée par des décisions sanitaires… où est cette politique aujourd’hui ? L’obligation ne fait pas une politique, pas plus que le « bouh c’est pas bien , ça tue », quand explique t’on ? Quand prend on les gens pour des adultes ?
Il n’est donc pas dans mon propos de m’opposer à la nécessaire politique de prévention de l’alcoolisme mais de rappeler toute la necessaire prise en compte de la transversalité de la problématique.
Je rappellerai également aux consoeurs et confrères intervenant ici de ne pas se laisser gagner par la passion et de respecter les règles de la confraternité…
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On peut aussi dire cela d’autres alcools : le cognac, l’armagnac, le rhum, les eaux de vie aussi ont leur histoire, sont le fruit de l’histoire des hommes, du terroir.