Lettre ouverte au Dr Patrick Pelloux et au Dr Christophe Prudhomme

Chers confrères,

Ces quelques mots pour répondre à votre dernière prise de position, pour d’abord vous signifier mon étonnement face au réveil du Dr  Patrick Pelloux qui semble soudain découvrir les ravages de la loi de modernisation de la santé portée par Marisol Touraine, ministre de François Hollande ; ce n’est pas lui faire injure que de lui rappeler que des dizaines de milliers de médecins se sont dressés  contre la politique de Marisol Touraine et de François Hollande et qu’il n’en était pas ; pourtant les conséquences dramatiques de cette loi ont renforcé encore les dérives et les drames de la loi HPST,  loi contre laquelle il s’est élevé, l’absence sonnait alors comme un acquiescement… Passons. Vous dénoncez la politique de fermeture de lits à l’hôpital public, la politique de rentabilité et la course au chiffre, et vous avez raison, mais, prôner les dispensaires et le salariat pour des médecins généralistes, un modèle qui a disparu parce que non adapté à une médecine moderne et de qualité c’est montrer une fois de plus que l’idéologie pervertit souvent les belles idées…

Non la médecine libérale ne disparait pas parce qu’«elle ne répond plus aux besoins». Cette affirmation tend  à laisser croire que,  soit vous ne connaissez pas la problématique, soit là encore l’idéologie parle. La médecine libérale subit la même chose que l’hôpital public : une politique décidée, gérée, gouvernée par le seul intérêt économique et administratif qui éloigne de toutes responsabilités décisionnaires les mains qui soignent.

 

Depuis 30 ans la baisse d’attractivité de la médecine libérale et en particulier de la médecine générale a été organisée. L’ONDAM a rendu les médecins comptables des erreurs de gestion économique du pays, pire, elle les a rendus coupables et sanctionnés par des tarifs qui dès lors ont perdu toute relation avec la réalité des pratiques. Les charges ont augmenté sans cesse, alors que le poids de l’administration et son corollaire les temps de non soin n’ont cessé de se développer et d’impacter une médecine où la demande en soins se faisait toujours plus grande face au vieillissement de la population, aux maladies chroniques, à la précarité toujours plus importante, à la pénurie de médecins et à la baisse dès lors compréhensible des installations.

A l’hôpital public l’ONDAM, la gouvernance administrative, les lois HPST puis la loi de modernisation de la santé ont produit les mêmes effets, avec leur lot de déstructuration des équipes, de sensation de perte de sens, d’épuisement et de drames. Face à cet effondrement commun, nul n’a le droit de parler pour l’autre, chacun a le devoir d’appeler l’autre ! Nous sommes soignants du secteur public ou de la médecine de ville nous sommes un ciment sociétal, il est de notre responsabilité d’imposer un autre modèle de gouvernance, trop d’erreurs ont été commises, trop de drames ont été vécus. L’UFML syndicat que je préside appelle à des États Généraux de la Santé dont la durée comme le pilotage doivent être assurés par la profession. Du plan Juppé à Agnès Buzyn, il est une évidence : la médecine est trop sérieuse pour être laissée aux seuls responsables politiques. Il est de notre rôle, de notre  devoir et  de notre  responsabilité d’imposer un autre modèle de gouvernance pour en finir avec le paternalisme d’État.

Dr Jérôme Marty Président de l’UFMLS

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1 Commentaire
  1. dr eustache 7 ans Il y a

    bravo ,dr marty pour cette excellente analyse du probléme. le diagnostic est bon,esperons qu’il existe encore une therapeutique adaptée.

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