Madame la Députée, chère Consoeur,
En réponse à l’interpellation d’une consoeur sur twitter quant à la poursuite du parcours législatif de la loi dite de « modernisation » du système de santé, vous répondiez hier matin : « Il n’est pas concevable de plier l’agenda parlementaire ou électoral à celui des djihadistes ». Je vous interpellais alors sur l’urgence de cette loi de modernisation du système de santé au regard de la situation présente du pays.
A ce jour, mardi 17 novembre, 13 heures, aucune réponse à ma question : « quelle est donc l’urgence de #LoiSanté pour ne pas reporter son débat à une période plus sereine ? » …
J’entends et je comprends la volonté de ne pas se plier à la pression que chercheraient à nous imposer les barbares.
Mais une telle posture, aussi respectable soit elle, justifie t elle en corollaire de poursuivre le parcours législatif de ce texte
– alors même que le Président de la République, en décrétant l’Etat d’Urgence dans la funeste nuit du 13 au 14 novembre, restreignait de fait la liberté d’expression dans ses modalités ? ;
– alors même que cette loi n’engage en rien la sécurité des français ? ;
– alors même que cette loi représente une profonde remise en cause de la relation de soins et donc des conditions de la pratique médicale, que cette loi est dès lors de fait une loi de société ?;
– alors même que le Président de la République, dans son allocution à la représentation du peuple réunie en congrès hier après-midi fixait les priorités, notamment législatives, face au terrorisme ?
En corollaire, votre réponse, Madame, pourrait aussi être perçue comme l’acceptation de réduire l’expression d’une opposition républicaine sous l’impulsion des dits djihadistes …
Je resterai plus volontiers sur la déception de la non réponse d’une élue du peuple à une question me paraissant – au regard de professionnels de santé ayant su, non par devoir mais par bon sens éthique, prendre leurs responsabilités, pleines et entières envers la population dont ils concourent à prendre en charge la santé, en tout lieu et toutes circonstances – légitime.
Arguer ne pas vouloir « plier l’agenda parlementaire à celui des djihadistes » est audible mais réducteur, occultant la dimension fondamentale de notre démocratie d’un débat dans lequel chaque partie aurait égale liberté d’expression.
Votre argument par ailleurs tient peu au regard des priorités législatives fixées par le Président de la République, notamment d’une révision de la Constitution.
Alors, Madame, je vous demande de bien vouloir répondre à la question simple d’un citoyen lambda … Quelle urgence représente la loi de « modernisation » du système de santé au regard de la situation exceptionnelle actuelle ?
Je vous prie de croire, Madame, à l’expression de ma considération,
Docteur Eric Blondet