Quand les organismes subventionnés par l’Etat se mobilisent, cela sent la commande d’Etat…
Méfiance donc.
Je voudrais répondre à Mme Rosine Leverrier, militante soutenue par le front de Gauche qui, en 2015, se présentait aux élections de Vire sur la liste “pour une alternative de Gauche et à M. Michel Antony, historien d’inspiration socialiste libertaire, spécialisé dans l’étude des utopies et de l’autogestion, militant et responsable syndical et associatif. (ces précisions sont importantes, elles expliquent le sens des revendications et, ne pas les donner, revient à se servir du monde associatif comme d’un voile vertueux pour masquer la volonté de mettre en œuvre une idéologie politique).
Ainsi donc, pour nos deux militants de Gauche libertaire, “la médecine libérale n’a pas su s’autoréguler”.
Il y a vraiment des coups de pieds au derche (du pied gauche) qui se perdent ! Rappelons que la médecine libérale n’a pas plus de subventions qu’elle n’a de culture du déficit, qu’elle n’est pas maintenue à flot, aidée et renflouée continuellement par les caisses de l’Etat. Les petits hôpitaux que nos deux idéologues défendent – fort heureusement pour eux – le sont. Rappelons-leur que les tarifs des médecins libéraux sont les plus bas d’Europe, que les jeunes médecins sont moins de 9 % à s’installer au sortir de la faculté, que la moyenne d’âge de la profession est de 53 ans, que le taux de burn-out approche les 50 % et que 55% des médecins ne conseilleraient pas à leurs enfants de faire médecine !
Les médecins généralistes sont soumis aux réformes successives, à l’ONDAM, aux ARS, à l’assurance maladie dont les directeurs ont tous les pouvoirs mais pour nos deux rêveurs roses rougissant “la médecine libérale n’a pas su s’autoréguler”. L’Etat a construit la violence dans certaines banlieues, déserté les territoires, organisé la pression immobilière dans certains centres de grandes cités, mais “la médecine libérale n’a pas su s’autoréguler”. A lire nos deux idéologues d’un autre temps, on se pince.
Ils veulent davantage de centres de santé. Là, on touche au sublime : il faut en moyenne 2.5 à 3 médecins salariés pour avoir la productivité d’un médecin généraliste libéral. Où nos deux rêveurs utopistes les trouvent-ils ? Ah oui, ils veulent “exploser le numérus clausus”…
Naturellement ils n’expliquent pas comment ils enseignent la médecine à cette explosion étudiante. Pas plus qu’ils n’expliquent où ils trouvent les professeurs, ou ne rappellent qu’il faut 10 ans minimum pour une installation, 20 ans actuellement. Sur ce point soyons-en sûrs, nos deux amoureux des utopies libertaires ont une solution, n’en doutons pas : ils obligeront l’installation en centre de santé pendant quelques années dès la sortie de la faculté, et cet engagement sera signé dès la première année ! Ils sont comme ça nos deux soixante-huitards, ils aiment la liberté….pour eux ! Pas pour les médecins.
Alors on leur rappellera ici que les jeunes étudiants en médecine font des études parmi les plus difficiles, les plus sélectives et assurément les plus longues. Que se tuer à la tâche – l’actualité plusieurs fois par an nous le rappelle – est pour eux une vérité. Qu’ils font les 35 heures en 2 jours à l’hôpital (enchaînant gardes, cours et révisions), qu’ils assurent le fonctionnement des CHU ainsi que des centres hospitaliers périphériques (parfois à des centaines de kms de leur foyer) et que, lorsqu’ils terminent leurs études, ils permettent à la France d’économiser plusieurs dizaines de milliers d’euros par médecin formé au regard du service rendu, des responsabilités et des rôles d’externe et d’interne par rapport au salaire symbolique puis minime qui leur est accordé.
Enfin rappelons aux deux militants masqués que les médecins ne sont en rien la cause des drames à venir, mais que, comme les patients qu’ils sont eux aussi, ils sont les conséquences des politiques sanitaires idéologiques désastreuses qui ont été menées jusqu’à ce jour.
L’idéologie, nous y voilà ! L’idéologie n’a rien à faire en médecine, pas plus que la violence n’a sa place. Or nos deux partisans sont violents et idéologues. Décider d’imposer l’avenir et le mode d’exercice à des jeunes qui font le choix en conscience de la difficulté et de la prise de risque permanente mais aussi du contact direct avec la douleur et la mort, qui font le choix de l’humain, est une violence et une insulte !
La médecine ne peut se contenter de solutions dogmatiques et de l’enfermement des idées, elle se libère et protège l’autre avec son indépendance !
Dr Jérôme Marty, président UFML-Syndicat
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