L’UFML invitera les maires de France afin de définir et construire les axes d’une vraie politique sanitaire

Jerome Marty

Jerome MartyDans la dépêche du midi du 20 06 2015, double page sur l’accès au soin : « il y a urgence » et les résultats de l’atlas de la démographie médicale…
Ladepeche.fr
L’urgence n’est plus « ressentie », elle est réelle, dramatique.
51 ans d’âge moyen pour les médecins généralistes, moins de 10 % d’installation au sortir de la première année, 25 % de médecins formés qui ne se destinent pas au soin (santé publique, recherche, industrie pharmaceutique, administration), 25 % de diplômes obtenus hors territoire national chaque années (chiffre en augmentation).

Des territoires entiers sans médecins et des zones en voies de désertification qui ne se limitent plus à la ruralité profonde, et aux banlieues « difficiles ». Résultats désastreux de plus de 50 ans de politique d’aménagement du territoire, territoires abandonnés, comptables de responsabilités sans coupables.

Des villes de 20 à 30 000 habitants qui en quelques années passent ou vont passer de dizaines de médecins à zéro, de riches centres villes qui voient s’effondrer le tissu sanitaire, comme disparaître leurs habitants, le drame s’installe et face à son importance et sa complexité les responsables politiques regardent ailleurs, alors même que leur responsabilité est pleine et entière, quel que soit l’angle sous lequel on regarde le drame.

Drame, le mot n’est pas trop fort, drame, c’est ce que vont vivre nombres de Français du fait de la perte de chance face à l’urgence, du fait de la rupture du soin, du fait de l’inégalité territoriale.

Les déserts médicaux ont en fait déjà tué mais la République jusqu’alors a jeté un voile pudique sur cette réalité.
Au regard de leur multiplication, ils tueront demain sans voile, ouvertement !

desert medical

Désert médical

Le bilan est là, les choix politiques en matière sanitaire ont été ceux de l’hospitalo-centrisme, des regroupements de structures, du dirigisme étatique, de la sur-administration du soin, du numerus clausus, de tarifs d’actes médicaux sans   rapport avec le rôle, les missions, les pratiques et les responsabilités des médecins.

La France a fait le choix de sacrifier la médecine libérale, et en particulier la médecine générale. L’idéologie, le dogmatisme, les conflits d’intérêts majeurs de politiques, présidents du conseil d’administration d’hôpitaux publics, l’ignorance font partie des causes et l’imposition du financement des mises aux normes des cabinets médicaux ne sera pas le moindre des accélérateurs de la crise.

La France avait un système de soin magnifique, la médecine libérale y était présente sur tout le territoire, les hôpitaux et les cliniques répondaient aux besoins. La France avait un système sanitaire reconnu, il fallait donc le briser !

Face à ce crime il n’est qu’une question : Devons-nous laisser faire ?

NON nous ne devons pas laisser faire, il est de notre devoir d’arracher des mains des politiques la responsabilité de la médecine libérale !

Cette affirmation vous paraît absurde ? Alors combien faudra-t-il de morts pour comprendre qu’il est temps de siffler la fin de la partie, parce que les joueurs sont incompétents et dangereux !
Parce que les résultats de leur politique ont été de rendre la médecine générale non attrayante et que face à cela ils transforment les conséquences de leurs actes en causes : les déserts se multiplient parce que les médecins ne s’installent pas : Il faut donc les y obliger !
Oubliant que si le maître d’hôtel avoue avoir craché dans l’assiette, il est rare qu’il trouve preneur.
Ils n’osent donc dépasser le constat de l’existence de la pénurie et proposent des solutions de constats, des solutions d’aval :
« les jeunes ne veulent pas exercer seuls, il faut construire des maisons médicales où ils exerceront en groupe » ;
« Les jeunes ont des difficultés à l’installation, il faut leur donner une prime à l’installation ».

Ces deux exemples signent la poursuite des échecs et la méconnaissance lourde de conséquence des responsables.
Les maisons médicales subventionnées ne résoudront rien si la gouvernance et la politique tarifaire de la profession ne sont pas revues entièrement. Le médecin généraliste doit être assuré d’exercer librement et de façon indépendante, trop de poids administratifs (local, régional, national) nuit à l’installation ou à sa pérennité. Il ne doit pas dépendre d’un financeur pas plus qu’il ne doit être soumis à des conflits d’intérêts, ainsi toute subvention d’exercice ne peut exister.

Les primes à l’installation reflètent de façon cruelle la façon dont le politique pense évacuer le problème. Le problème n’est pas à l’installation mais bien à la pérennité de l’exercice, et la pérennité de l’exercice est liée à la faisabilité de celui-ci et donc à l’existence d’un tissu sanitaire, qui ne se décrète pas (le fait de créer une maison ne crée pas le tissu sanitaire) mais se construit.

Il n’y aura pas d’installation et de maintien d’exercice avec des actes maintenus au plus bas de la moyenne européenne, il est donc temps de poser la question de la valeur économique du médecin dans la société.
Il est temps au regard de la multiplication des lieux d’effondrement sociétal de considérer le médecin et les soignants comme un des éléments de sortie de crise et de mesurer sa valeur économique à l’aune de cette considération.

A 23 euros la consultation, (valeur en 2002 de l’acte de base en euro constant) les médecins ne peuvent s’installer, il y a, quoiqu’en disent ceux qui osent encore parler malgré les résultats de leur politique, un problème tarifaire de la médecine !

Avec un Etat responsable de la politique de santé (art 1 de la loi de modernisation de la santé), des ARS relais de l’Etat et une assurance maladie qui applique les décisions de l’Etat, il y un problème de gouvernance de la médecine.

Politique tarifaire et gouvernance sont en échec depuis 30 ans, ne pas vouloir regarder froidement ces deux échecs c’est accepter pour demain une crise sanitaire majeure dont les conséquences, humaines, économiques et politiques pourraient être gravissimes.

L’UFML invitera dans quelques semaines les maires de France qui subissent de plein fouet l’échec de la politique sanitaire du pays, à se réunir et à rencontrer les médecins lors d’un congrès afin de définir et construire les axes d’une vraie politique sanitaire.

ADHEREZ A L’UFML

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