Jour de vote… Jour de doute.
Les 5 années Touraine se terminent.
Et nous devrions aujourd’hui pouvoir écrire : “c’est ainsi, tout a une fin”, mais nous ne le pouvons pas.
Nous sommes en France et, en France, l’alternance n’existe pas.
Les responsables politiques changent de camp au grè du courant. Les formations politiques naissent des gouvernements, les conseillers ministériels passent d’un gouvernement à un autre et le prochain ministre de la santé pourrait bien être un ancien rapporteur de la loi Touraine.
Nous sortons de 5 ans de dogmatisme et d’insultes aux professionnels de santé, 5 ans où les médecins ont été désignés coupables mois après mois par leur ministre de tutelle.
Falsification des chiffres, mensonges permanents, manipulation des opinions…
Les médecins étaient des salauds de la pire espèce : nantis, inciviques, égoïstes, responsables des déserts médicaux, des inégalités sociales en santé et d’accès au soins, racistes, sur-prescripteurs, sous-formés, brutaux, violents…
Rien ne leur aura été épargné, comme si ces 5 ans avaient été la somme de toutes les dérives connues sous les précédents gouvernements.
Le solde de ces 5 ans c’est :
- – un État responsable de la politique de santé et une gouvernance étatique.
- – Des ARS toutes puissantes.
- – Une démocratie sanitaire et un paritarisme de façade.
- – Des médecins demain assujettis aux assurances maladie.
- – Une assurance maladie liée à l’État.
- – Des complémentaires organisatrices du soin.
- – Un secret médical bafoué.
- – Une organisation territoriale décidée par le seul hôpital public.
- – Une augmentation des restes à charges.
- – Un effondrement des installations, une multiplication des déserts.
- – Un vieillissement de la profession médicale.
- – Un troisième cycle des études médicales saccagé.
- – Des tarifs aux plus bas de la moyenne européenne.
- – Des suicides et des burn out de médecins, internes, étudiants en médecine, IDE, professionnels de santé, au sommet des statistiques.
Cette liste est non exhaustive… Face à ce tableau en tout point catastrophique, nous serions en droit d’attendre une prise de conscience, (nous l’avions en parti obtenu auprès de l’équipe Fillon), il n’en est rien. La multiplication des Maisons de Santé Pluridisciplinaires tient lieu de pilier du programme santé du prochain président de la République et cela est très symbolique de ce que nous vivons depuis des mois.
De l’apparence, des mots, des concepts, du vent..
Parce que la maison se voit et se comptabilise…Même vide…
Le contenant est plus important que le contenu, une politique d’emballage, les murs plus important que les hommes…
Rien ne changera si l’article 1 de la loi de Santé n’est pas abrogée, si la confiance brisée n’est pas re-soudée par une gouvernance partagée entre l’État, les professionnels de santé, les patients.
Rien ne changera sans une vraie démocratie sanitaire. La vraie rupture, le vrai courage politique est là, dans la confiance.
Nous en sommes loin… Il nous faut donc, au regard de l’effondrement, des déplaquages, des renoncements, des expatriations, répéter encore cette simple évidence
“Vous ne ferez pas de médecine sans médecin”…