J’ai peur…
Si les promesses d’un vent nouveau soufflé par l’équipe de la République En Marche ont pu séduire (ou pas), force est de constater qu’en matière médicale en tout cas, nous resterons sur notre faim…
Bien sûr, s’il est stérile de souhaiter voir chaque nouveau ministre détricoter méthodiquement ce qu’a fait son prédécesseur, il apparaît clairement que pour le moment, notre nouvelle ministre marche dans les pas de la précédente, et que loin de disséquer quoi que ce soit, elle prolonge son action en démarrant là où elle était restée.. Un simple passage de témoin….
Rien de nouveau sous le soleil n’apparaîtra d’ici longtemps, si rien ne vient dévier le cours des choses.
Si cela n’avait pour conséquence que notre mécontentement, cela ne serait pas si grave.
Mais voir de nouveau repartis les dogmes élimés, sans remise en question, sans mise en perspective des problèmes les uns par rapports aux autres, sans analyse des liens de causalité, sans écoute réelle des principaux intéressés, et voir cette funeste obstination à prendre les décisions qui, à coup sûr, vont finir par planter le système, cela est tout simplement terrifiant en terme de santé publique.
On nous avait parlé de pragmatisme et revoilà chanté l’air du droit universel au Tiers Payant Généralisé pendant que le Projet Régional de Santé avance sournoisement et sûrement.
Jusqu’où allons-nous aller ?
On crève de devoir choisir entre la vie des patients et la notre, de devoir harceler nos confrères pour avancer des rendez-vous dans leur planning surchargé, de passer 30 minutes au téléphone pour tenter de débusquer une place d’IRM avant deux mois et un RDV hospitalier avant six mois, de décrypter à 21h00 les opaques courriers de la sécu au sujet de tiers payants avortés qui ne nous seront jamais réglés, de stresser sans arrêt pour savoir avec quoi on va payer les travaux de mises aux nomes du cabinet, pour savoir quand on trouvera le temps de répondre aux appels, aux mails, de lire les courriers et les résultats reçus, de rajouter des urgences, de s’occuper des papiers administratifs, de s’informer sur les actualités de notre domaine, de lutter contre les objets qui dans la grande facétie de l’obsolescence programmée, nous plantent chaque jour, tour à tour, comme pour rajouter un peu de sel…
Jusqu’où allons-nous aller ?
J’ai peur d’être un médecin, d’être un soignant.
J’ai peur d’être un malade.