Nous avons été conviés la semaine prochaine, à des négociations concernant la maîtrise des dépenses de santé en imagerie médicale. On pourrait voir cela comme une reconnaissance de nos demandes d’impliquer les syndicats représentatifs pour trouver des accords avec les radiologues dans un cadre conventionnel, mais bien sûr il n’en est rien.
Une mise à l’écart des radiologues validée par la précédente convention.
En effet, La CNAM avait pris comme habitude de taper directement sur les radiologues en imposant ses volontés à son syndicat vertical la Fédération Nationale des Médecins Radiologues (FNMR) qui y voyait une manière de discuter directement avec la caisse, mais qui n’avait bien sûr aucune marge de manœuvre hors convention.
La CNAM, consciente d’agir hors cadre, a finalement décidé de discuter avec les syndicats représentatifs des médecins, mais en s’essayant aux méthodes « Trumpistes », c’est-à-dire à des négociations unilatérales.
Certes, les syndicats signataires avaient facilité le travail de la CNAM en isolant les radiologues de la dernière convention comme en témoigne l’article 61-10 précisant la nécessité de « la reprise des travaux autour d’un nouveau protocole pluriannuel avec les radiologues libéraux ». L’UFMLS qui représente de nombreux radiologues et qui n’a pas signé cette convention, avait alors dénoncé cet isolement en prédisant que la prochaine négociation se ferait comme d’habitude, un pistolet sur la tempe, sans possibilité pour les radiologues de s’opposer en cas de désaccord.
Cette notion d’isolement avait été balayée par Thomas Fatôme et les syndicats signataires, qui nous avaient répondu : « Les radiologues (sous-entendu : la FNMR) sont d’accord pour discuter en dehors de la convention ». Cela ne s’est pas fait attendre et nous voilà devant les résultats de ces discussions…
Une négociation déjà bouclée avant toute discussion : 300 millions d’euros d’économies sur l’imagerie médicale.
Nous vous révélons en exclusivité les résultats de cette « future négociation » (il suffit de lire l’article L. 162-12-18 du PLFSS 2025) :
« Des accords de maîtrise des dépenses peuvent être conclus, à l’échelon national, dans le champ de l’imagerie médicale, des transports sanitaires et de la biologie… En l’absence de conclusion, au 30 septembre 2025, d’un accord mentionné à l’article L. 162-12-18 sur les dépenses d’imagerie médicale permettant de réaliser un montant d’au moins 300 millions d’euros d’économies au cours des années 2025 à 2027, le directeur général de l’Union nationale des caisses d’assurance maladie peut procéder jusqu’au 31 octobre 2025 à des baisses de tarifs des actes d’imagerie permettant d’atteindre ce montant d’économies. »
Donc, quelles que soient les discussions, ce sera 300 millions d’euros d’économie. Nous irons à cette négociation uniquement pour nous faire entendre, mais nous refusons de participer à cette mascarade si cette menace n’est pas levée comme préalable à toute discussion.
Nous demandons aux syndicats signataires qui y participeront également de faire de même et de “mettre sur la table le retrait de leur signature conventionnelle en l’absence de retrait de cette mesure”. Si cela n’est pas le fait, ils devront admettre lâcher totalement les radiologues qui sauront enfin vers quel syndicat se tourner.
Une nouvelle trahison à l’égard des radiologues.
Après avoir imposé il y a à peine un an, 250 millions d’euros d’économie en faisant payer les produits de contrastes aux radiologues et miroiter à la FNMR une suspension de futures baisses, la CNAM et l’État trahissent de nouveau la profession.
Une catastrophe annoncée et une offrande aux financiers.
Les sommes demandées sont sans précédent et auront un impact absolument catastrophique sur les structures privées et publiques. Au moment où le Sénat et les parlementaires entendent lutter contre les fonds de pension, la CNAM et l’État précipiteront les derniers cabinets indépendants dans les bras des financiers, et cela par la même méthode qui a fait couler la biologie : baisser la valorisation des actes pour étouffer les libéraux, créer l’instabilité et les inciter à vendre.
L’UFMLS lance un appel à la solidarité et à l’action.
À tous ceux qui pensent que cela ne les concerne pas, qu’ils sachent que ce n’est que le début des ravages de la précédente convention, car elle contient de belles surprises, notamment concernant la future remise à plat de la CCAM et la fin de la protection des tarifs actuels. Ce sera de nouveau une boucherie tarifaire, mais elle concernera toutes les spécialités.
Il s’agit d’un moment clé. Si la profession médicale ne soutient pas les radiologues, la CNAM et l’État en profiteront et il est certain que cette méthode de négociation sera la seule offerte aux médecins tant qu’ils seront liés à la convention.
Dr Henri GUERINI