Et si l’on se disait tout ?

Jerome Marty

Jerome MartyEt si l’on se disait tout ? 
L’UFML s’étonne que certains syndicats médicaux, censés défendre la profession, participent à l’élaboration d’une plateforme commune en vue d’alerter les candidats à la présidentielle, aux côtés du CISS et de l’industrie du médicament. 
Loin d’écarter les patients de la gouvernance du système, l’UFML propose dans son New Deal que ceux-ci soient présents aux côtés des soignants dans toutes les institutions, commission réunions chargées d’organiser le soin avec, comme pour les organisations représentant les soignants et l’administration, un droit d’opposition.

Tout en saluant le rôle des associations de patients, l’UFML rappelle que le CISS National a un rôle politique, que celui-ci a participé à l’élaboration de la loi de santé, et apporte son soutien au TPG, à l’ouverture des données de santé, et aux réseaux de soin. Le CISS National défend l’idée d’une médecine sous influence des organismes chargés de rétribuer les médecins, et soutient activement les réseaux de soin, au travers d’actions menées aux côtés de la société à but très lucratif Santéclair. 
Le CISS National est donc partie prenante des réformes de Marisol Touraine, dont le but  est de mettre un terme au modèle libéral de l’exercice et assujettir les médecins, ce qui a été reconnu par Brigitte Dormont, économiste à Paris Dauphine. 
Débutée le 7 juillet 2016, cette union de la carpe et du lapin est restée secrète ; la CSMF, le LEEM et le CISS ont participé à son élaboration. Il est des unions dissonantes, mais à l’époque où les conflits d’intérêts sont fréquents, et où les décisions se prennent loin de la base, il ne faut s’étonner de rien… Les participants organisateurs déclarent qu’ils ont passé outre à leurs oppositions et idées divergentes : les professions de soin, gravement menacées par les différentes réformes passées, présentes et à venir (PLFSS) du gouvernement, apprécieront ! Notons que, déjà, certaines organisations ont saisi que l’on ne pouvait à ce point se moquer de la profession et des patients, ainsi : la FHF, La FEHAP, le Bloc et la FMF se sont retirés. Il est à noter que le Bloc avait été tenu à l’écart et prévenu officiellement de ce collectif le 03/10, ce qui peut faire sourire lorsque l’on se prétend porteur d’une union large. Pire : aucune profession paramédicale n’a participé à l’élaboration de la plateforme, aucune n’a été d’ailleurs invitée à y participer… Sans doute leur absence de rôle prescripteur n’intéresse-t-il pas le LEEM ! L’UFML rappelle que sans elles, il n’y aurait pas de système de santé. 
Mais quelle est donc cette plateforme? Quel est ce contrat d’engagement? 
Il se compose de 7 engagements, l’UFML a eu vent des lignes directrices de ceux-ci :

– 1 er engagement : replacer la santé au cœur de la campagne électorale, après le constat que la France n’est plus reconnue comme un grand pays de santé publique. 
L’UFML rappelle que si la France a été déclassée du 1e au 24 e rang des systèmes de santé, cela est la résultante de 30 ans de gouvernance administrative centralisatrice qui a écarté les médecins et les soignants de tout rôle décisionnaire en matière d’organisation du système de santé ; les syndicats qui se revendiquent depuis des années “premier syndicat de médecins” et qui siègent aux côtés des porteurs de la loi portent en l’espèce une dramatique co-responsabilité… Leurs propositions pour l’avenir du système sont donc sujettes à caution (doux euphémisme).

– 2 ème engagement : Redonner aux soignants et aux usagers le rôle d’acteurs dans le système et revoir la démocratie sanitaire, alors même que cette démocratie sanitaire est une parodie dénoncée avec fracas par la démission de Thomas Dietrich, un système où l’image, l’apparence et la communication masquent la réalité d’une gouvernance autocratique. 
Le CISS participe depuis des années à celle-ci, bénéficiant de subventions de l’ordre de 2.7 millions d’euros alors que ses cotisations ne représentent que 29 000 euros : dans un système où celui qui paye commande, cela est lourd de sous-entendus. Dès lors, vouloir changer la démocratie sanitaire aux côté de ceux-là même qui participent à son simulacre équivaut à tout changer pour que rien ne change.

– 3 ème engagement : Faire de la prévention et de la santé publique une priorité.
Cet engagement fondamental prête à sourire quand il est porté par les industries du médicament…

– 4 ème engagement : Financement : Renoncer à une politique comptable, la santé étant créatrice de richesse. 
L’UFML salue cette position mais ne peut que se poser la question des suites : quid de la liberté tarifaire ou de l’alignement des tarifs sur la moyenne européenne, seuls à même de redonner puissance et qualité à la médecine de ville ? Le CISS, rappelons-le, lutte contre les “dépassements d’honoraires”… Quid des efforts économiques gigantesques à faire pour sauver le système, alors que l’ONDAM est un dogme né et développé, convention après convention, avec l’aval des syndicats co-organisateurs de la plateforme?

– 5 ème engagement : Préparer le système à sa mutation et faire de la France un leader dans les données de santé, le numérique et la Télémédecine. 
Danger ! Si cet engagement est nécessaire, le voir porté par le CISS qui travaille aux côtés de la société  à but très lucratif Santéclair, prône et défend les réseaux de soin, a de quoi inquiéter… L’UFML, depuis 2012, s’oppose, elle, aux réseaux de soin, aux côtés des professions qui les subissent, et affirme que l’accès aux données de santé par des sociétés assurantielles, par ailleurs responsables de l’organisation du soin et de la rétribution des soignants, serait un drame.

– 6 ème engagement : Garantir l’accès aux soins sur tout le territoire. 
Comment être contre ? Comme toujours le diable est dans les détails, et là encore, l’UFML rappelle que les médecins n’ont que trop subi une culpabilité de fait d’une situation dont ils n’étaient en aucun point responsables, si ce n’est du fait de signatures conventionnelles qui ont rendu leur profession non attirante. Là encore, la méfiance est de mise lorsque l’on voit les porteurs de la plateforme.

– 7ème engagement : Réduire les inégalités sociales en santé.
L’UFML rappelle que, pour le CISS, cela veut dire “disparition du Secteur 2” et à fortiori “opposition à toute mise en place d’honoraires libres” et “mise en place des réseaux de soin”… Jusqu’à preuve du contraire.

L’UFML déplore que la profession ait été une fois de plus maintenue dans l’ignorance de l’organisation d’un tel collectif, les organisations syndicales qui portent ce collectif oubliant leur mission de transparence. Pourtant, la transparence et l’affirmation d’une défense claire de la liberté, de l’indépendance de la médecine et du soin dans toutes ses composantes sont des priorités. Ces priorités ont été oubliées par les organisateurs du Collectif Santé 2017.

Ci dessous communiqué de presse de la FHF et de la FEHAP

Collectif Santé 2017 : la FHF et la FEHAP ne participeront pas – PARIS, 5 octobre 2016 (APM) 
La Fédération hospitalière de France (FHF) et la Fédération des établissements hospitaliers et d’aide à la personne privés non lucratifs (Fehap) ont indiqué mercredi à l’APM qu’elles ne faisaient pas partie du collectif d’acteurs de la santé constitué en vue de peser dans le débat pour l’élection présidentielle de 2017. Le “Collectif santé 2017” a annoncé mardi dans un message à la presse qu’il présentera mercredi 19 octobre lors d’une conférence de presse un manifeste ainsi que sept “demandes d’engagement” adressées aux candidats à la présidentielle “pour que la santé soit un thème majeur de leur campagne” (cf APM GB2OEJ1Q5). La composition du collectif, qui n’était pas précisée dans ce message, semble encore en évolution. Contrairement à ce que plusieurs sources avaient indiqué à l’APM, la FHF et la FEHAP ont décidé de ne pas en faire partie. Les sources interrogées par l’APM n’avaient pas connaissance du retrait des deux fédérations mercredi matin, note-t-on. La Fédération de l’hospitalisation privée (FHP) a en revanche confirmé sa participation. Le collectif sera également composé du Leem (Les entreprises du médicament), du Collectif inter-associatif sur la santé (CISS), de syndicats de médecins (Confédération des syndicats médicaux français -CSMF-, Syndicat des médecins libéraux -SML- et MG France) et de syndicats de pharmaciens d’officine (Fédération des syndicats pharmaceutiques de France -FSPF- et Union des syndicats de pharmaciens d’officine -Uspo). La Fédération des médecins de France (FMF) n’a pas souhaité être associée, tandis que la participation de l’union syndicale Le Bloc est encore incertaine.

 

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