“Doctolib pour stocker des données de santé respecte les plus hauts standards de sécurité sur le stockage des données”
“C’est une boite française qui a plusieurs centaines de salariés, qui est en train de révolutionner la santé en France et en Europe”
“Qui peut devenir le leader mondial de la santé dans les prochaines années, faut qu’on soit fier aussi de nos boites…”
Voilà un beau panégyrique fait à l’égard de la start-up française de prise de rendez-vous médicaux en ligne fondée en 2013 et devenue le leader dans ce domaine, lui permettant ainsi de racheter récemment son principal concurrent (non sans quelques déboires comme nous avons pu le constater sur Twitter) .
Mariage d’amour ou de raison ? A elles deux les start-up se vantent d’équiper 10% des cabinets médicaux dans cet article du Monde.
Etre les témoins de cette belle union peut prêter à sourire quand on a assisté, comme plusieurs confrères, à l’exercice de séduction envers le corps médical auquel se livraient jadis les futurs mariés, jurant sur l’honneur être indépendants des groupes financiers, attachés à la protection des données de santé et ne jamais vendre les données médicales en cas de mariage contrairement à leurs concurrents .
Mais revenons au panégyrique que l’on pourrait croire être prononcé par un membre de la famille des jeunes mariés .
Il n’en est rien car c’est que le secrétaire d’Etat chargé du numérique qui joue le rôle d’officier d’Etat Civil ou plutôt de témoin prononçant le discours élogieux du banquet de mariage oubliant un peu vite la réserve républicaine qui devrait lui faire dire que “les femmes et les hommes qui soignent sont le moteur de notre système de santé, c’est leur réussite qu’il faut favoriser, et c’est leur courage à le tenir tous les jours à bout de bras qu’il faut saluer..” comme lui fera remarquer quelques heures plus tard Jérôme Marty médecin généraliste et président d’UFML-Syndicat dans une lettre ouverte publiée ici .
On souhaite tous nos vœux de bonheur aux jeunes mariés mais on peut aussi craindre comme dans la célèbre chansons que”les histoires d’amour finissent mal en général”. Intéressons nous aux ex-fiancés qui se sont laissé séduire par Doctolib
Ceux qui ont refusé les fiançailles:
se sont vus quand même vu engagés de force: en effet plusieurs médecins ont dénoncé sur nos pages un phénomène de captation de leur nom et de leur image sans jamais avoir été sollicités.
Une rapide recherche en tapant le nom d’un membre du Bureau d’UFML-S non client de la plateforme suffit à se faire une idée :
Quand on cherche donc le Dr Meller sur Google on est directement orienté vers Doctolib (on pourrait penser que l’on va arriver sur le site des pages jaunes qui recense notamment tous les professionnels de santé mais non) .
D’autres plateformes de rendez-vous font de même mais, à l’inverse, Doctolib redirige alors les patients du Dr Meller et des autres médecins non-clients vers son site et leur propose d’autres médecins qui eux sont leurs clients. En effet c’est-ce qui se passe quand on clique sur “découvrez la prise de rendez-vous en ligne !” comme proposé sur la précédente capture qui vous amène à cet écran d’accueil !
Tant-pis pour le Dr Meller, les patients qui le cherchent sont invités à consulter un médecin Doctolib !
Ceux qui ont accepté les fiançailles:
ont constaté récemment que Doctolib faisait les yeux doux à d’autres , mais des autres non docteurs mais adeptes de pratiques non conventionnelles , non encadrées , non médicales ou paramédicales .
En pleine polémique sur l’essor des pratiques obscurantistes dans les Maisons de Santé Pluriprofessionnelles subventionnées par l’argent public ,ce qui masque le manque de médecins mais contribue à payer les loyers, et la remise en cause de la médecine fondée sur les preuves par les FakeMed, quelle n’a pas été notre surprise en voulant adresser un patient chez un kinésithérapeute par l’intermédiaire de Doctolib et de constater qu’en tapant kiné on nous proposait un kinésiologue !
Pas très engageant pour un médecin ou un professionnel de santé avec un diplôme d’Etat récompensant plusieurs années d’études difficiles et marquées par l’apprentissage d’une médecine basée sur la science et l’humanisme de se voir proposer de dîner à la même table que le “rebouteux du coin” lors du repas de fiançailles.
Nous avons poussé l’expérience en tapant les noms d’autres spécialités ésotériques sur le moteur de recherche du site pour découvrir si d’autres professions occultes se paraient selon Doctolib du titre de confrères de professionnels de santé dûment diplômés. En voici le résultat:
Il fallait donc prévoir de la place au banquet pour énergéticiens et autres magnétiseurs, naturopathes, étiopathes et autres kinésiologues !!!
Devant le risque de fausses routes probables chez nos confrères diplômés et à la rigueur scientifique assumée nous primes la décision de demander des comptes à Doctolib et la liste des invités par le biais de Twitter (de demander aussi l’avis de nos parents qui nous ont soutenus et encouragés à passer nos diplômes ):
La réaction des autres convives fut aussi immédiate !
Effectivement outre la fait que les mages conviés par Doctolib au banquet ne peuvent faire valoir le titre de professionnel de santé sur leur carton d’invitation c’est bien le risque de dérives sectaires que nous pointions du doigt , quand on sait que les “médecines” alternatives sont une voie reconnue qui mènent à des dérives sectaires ,certaines de ces pratiques étant surveillées et épinglées par le gouvernement et la Milivudes !
La réponse ci-dessus du Dr Jacques Lucas, délégué général au numérique au sein de l’Ordre National des Médecins a de quoi surprendre quand on se réfère à l’article 39 du code de déontologie médicale:
Contrairement à l’annuaire pour lequel le référencement est gratuit, le site Doctolib, même s’il affirme ne pas rechercher la rentabilité à travers son activité d’agenda en ligne, est financé pour partie par paiement mensuel des professionnels qui l’utilisent (à hauteur de 109 euros mensuels). Pour ce prix il sont en droit d’espérer un meilleur service et une reconnaissance de leur fonction sociétale comme on peut le lire dans les tweets suivants.
Certains patients ont exprimé cependant aussi leur incompréhension devant ce mélange des genres:
tandis que des médecins ont rappelé la réalité de la communication de Doctolib.
Suite à ces échanges Doctolib a affirmé publiquement et en réponse à Jacques Lucas tenir compte de ces objections et travailler à des corrections futures:
A ce stade rappelons que le cofondateur de la start-up, Stanislas Niox-Chateau,affirmait en octobre 2015: « Nous travaillons avec un hébergeur agréé et travaillons en lien avec l’Ordre des Médecins pour que tout soit fait dans les règles ». Il aura fallu donc trois ans pour se rendre compte que la liste des invités du mariage entre Doctolib et ses médecins et professionnels de santé abonnés comptaient des mages et des “FakeMed” !
Quelques jours plus tard un nouveau tweet d’un kinésithérapeute laissait à penser que Doctolib faisait toujours fausse route en jouant sur la notion ambiguë de professionnels de la santé et professionnels de santé et affirmant qu’ils ne seraient plus “recherchables” que par leur nom !
Le diable étant dans les détails, nous vous déconseillons de convoler pour l’instant dans l’attente des modifications et clarifications promises par Doctolib, d’autant plus qu’ il existe des solutions alternatives gérées et conçues par des professionnels de santé et que d’autres idées sont en cours de développement.
Gageons que le dossier sera suivi aussi au plus haut niveau de l’État puisque notre secrétaire d’Etat chargé du numérique/officier d’Etat Civil fait preuve d’un enthousiasme des plus communicatifs.
Communicatif comme en témoigne cette réunion à l’ Elysée le jour même éclatait la polémique, réunion où était convié le gratin de la #StartUpNation dont Stanislas Niox-Chateau, co-fondateur et PDG de Doctolib.
Dr Franck Chaumeil, vice-président UFML-S
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