A tous,
A Camille Tricart,
La présidente de l’ISNARIMG dans les colonnes du quotidien du médecin ce jour, http://www.lequotidiendumedecin.fr/actualites/article/2017/01/26/camille-tricart-isnar-img-les-jeunes-medecins-preferent-la-qualite-la-quantite-_844112
déclare : “les jeunes médecins préfèrent la qualité à la quantité.”
Qu’elle se rassure, ses aînés aussi, de tout temps d’ailleurs, les médecins ont toujours préféré la qualité à la quantité.
Je ne peux croire un seul instant qu’elle oppose “jeunes” et “vieux” ou “jeunes ” et médecins installés, sans doute décrit-elle l’aspiration des futurs médecins mais qui, répétons-le, est la même que celle des médecins installés, et ce quelles que soient les époques.
Rappelons que, hormis de très rares comportements limites (toutes les professions en ont leur lot), si les médecins ont vu leurs actes se multiplier, cela est la conséquence directe de la politique sanitaire menée depuis 20 ans, avec son lot de blocage tarifaire, de déconnexion de la valeur de l’acte par rapport à la pratique, d’hyper-administration du soin, d’encadrement de l’exercice, d’augmentation continue des charges, de diminution du nombre de confrères en exercice (en particulier en médecine générale) et d’augmentation de la demande en soin (maladies chroniques, vieillissement de la population etc.).
Rappelons que la qualité du soin c’est d’abord l’indépendance du praticien et la liberté de pratique, c’est l’individualisation du soin et non sa collectivisation, c’est un praticien respecté, tant sur le plan de sa rémunération qui doit être en rapport avec son engagement passé (études), son rôle présent : sanitaire, social, et de ciment sociétal, sa nécessaire et permanente formation, que sur le plan de l’organisation de son activité (relation avec les tutelles ou l’État) .
Ce respect doit être à la fois individuel et collectif.
Camille Tricart nous rappelle que pour l’ISNAR, les jeunes veulent un exercice mixte, hospitalier et de médecine de ville, c’est ce que nous prônons dans le New Deal par une flexibilité de l’exercice et la capacité à changer d’orientation tout au long d’une vie professionnelle et de passer d’un secteur à l’autre et de l’autre à l’un ou d’exercer dans l’un et l’autre.
En revanche, nous ne pouvons que rappeler le danger de l’exercice forfaitaire qui n’est en rien un gage de qualité, les pays les plus avancés en termes de ROSP prouvent, études à l’appui, qu’ils n’ont eu AUCUN gain d’efficience et de qualité alors que l’administration a obtenu par la ROSP un formidable outil d’asservissement de l’exercice et nous ne le dirons jamais assez : un médecin n’a pas vocation à obéir.
L’indépendance du médecin est garante de la liberté d’être soigné.
Pour ce qui est des mesures incitatives, nous saluons les positions de l’ISNAR : l’exemple d’Occitanie qui, grâce au travail du Pr Oustric, a multiplié les terrains de stages pour internes est à reproduire. Ajoutons simplement que lors de l’installation, les critères cités plus haut sont indispensables ou bien celle-ci ne durera pas quel que soit le mode d’exercice : un médecin doit être respecté et libre et responsable.
Le thème du congrès est la médecine 2.0, et Camille Tricard plaide pour une formation, un accompagnement à la révolution numérique, nous ne disons pas autre chose, et nous avons encore alerté l’équipe santé de François Fillon lors d’une rencontre récente sur la nécessité de donner aux étudiants en médecine la capacité d’aborder les NBIC, la médecine algorythmique, les nouvelles technologies sur les plans scientifique, éthique, philosophique, politique et économique. Ces 5 axes doivent être abordés, au regard du bouleversement que la médecine va connaître et que nos jeunes porteurs d’avenir vont vivre plus encore que nous, la formation est primordiale.
La France doit marquer là sa différence. Le savoir, l’éthique face aux risques et aux dérives possibles, la philosophie face aux bouleversements globaux et individuels, les conséquences politiques, doivent avoir toute leur place.
Nos futurs confrères, parce qu’ils sauront les apports et les risques et auront abordé tous les axes des changements futurs sauront alors s’y adapter, en jouer, et rester libres plutôt que devenir de simples outils du changement.
Pour ce qui est de l’accès aux soins de premier recours, nous appelons à une politique de relance de la médecine libérale : nos propositions sont dans le New Deal, elles sont connues des différents candidats…
Mais, face à la montée de l’extrémisme, face au fascisme décomplexé, au racisme et à l’antisémitisme commun, à la vulgarisation de la haine de l’autre, la défense de l’accès au soin passera d’abord par la défense des valeurs de la médecine.
Pour cela Camille Tricart et tous nos futurs confrères ont une responsabilité immense, celle de faire passer leur engagement et leur serment devant les décisions politiques si ces dernières devaient aller à leur encontre et différencier les hommes selon leurs apparences, leurs religions ou leurs opinions.
L’avenir peut être porteur de violences et de stigmatisations devant lesquelles nos jeunes confrères devront être médecins, médecins avant tout, libres d’exercer leur art et de soigner leurs frères humains.
Camille Tricart (ISNAR-IMG) : « Les jeunes médecins préfèrent la qualité à la quantité »
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