Andy Warhol l’avait écrit : « chacun aura son quart d’heure de célébrité » « 15 mn of fame » Facebook, Twitter, LinkedIn, Instagram, Snapchat, Google… nous y sommes.
La parole s’est ouverte, la parole est devenue multiple, sans plus aucun filtre. Tout s’est accéléré, la parole court devant, et les médias tentent de suivre. Le degré de buzz vaut vérité en une temporalité de l’immédiat. Le temps certes corrige mais le buzz est passé, et l’audience tournée vers d’autres sujets.
La démocratie concrète du Net a fait exploser les codes, et rien n’est stabilisé.
Le vent peut se lever de tous côtés, à tout instant, d’une voix, le réseau fera une brise ou un ouragan.
Chacun peut vivre ce quart d’heure à son avantage, ou à ses dépens.
Chacun peut être juge, jury, avocat, accusé. Les barrières s’effondrent alors que les masques se multiplient : paroles anonymes qui affirment et violentent.
Ce monde où le masque vaut identité, adoube l’accusation anonyme, oubliant encore, oubliant toujours… ses heures noires…
Si la lettre anonyme avait un destinataire et un but, l’écrit lancé sur la toile, en les conservant, les jette en pâture à l’infini, démultipliant l’espace et le temps d’exposition.
L’accusation, la violence, se font alors multiples et permanentes parce que désormais plus rien ne s’efface.
Voix anonyme, ouverture à tous, permanence de l’écrit, sont le triptyque, base même de l’apport comme du risque de la société numérique.
Ainsi des sites de notation professionnelle où chacun, derrière un masque, peut juger de la pratique et laisser définitivement une marque sur le visage du professionnel.
Pour les médecins la violence est plus grande encore puisque potentialisée par le socle intemporel de l’exercice : ses valeurs déontologiques qui dans bien des cas interdisent toute réponse qui pourrait ouvrir à une rupture du secret médical.
Ainsi le commentaire de notation peut être une balle qui frappera…constamment.
Elle peut s’ignorer, s’accepter bien sûr, par la force de caractère, la solidité du moment, ou plus futilement par d’autres commentaires plus flatteurs…Mais elle peut tuer à force de blesser l’engagement d’une vie tournée vers l’autre.
Il nous faut réfléchir à cela, nous sommes tous emportés par un monde mouvant, qui nous fait avancer, grandir ou progresser mais dans lequel chacun peut se noyer.
Parce que nous sommes médecins, nous devons réfléchir à cette transparence qui ouvre et enferme et, parce qu’elle est au centre de notre monde, oser regarder toutes ses conséquences pour alerter face aux risques, alerter pour prévenir et adapter.
Dr Jérôme Marty, président UFML-S
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